Mission terrain en Ukraine: les régions de Kharkiv, Dnipro, Kyïv et Poltava – automne 2023
- par Daryna Tokmachova
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La Région de Kharkiv
La mission sur le terrain en Ukraine, réalisée en septembre 2023, s’est donnée plusieurs objectifs, notamment :
– le renforcement des liens institutionnels, l’évaluation des besoins des structures médicales et sociales
– la vérification de l’utilisation effective de l’aide reçue
– l’étude du fonctionnement des nouveaux centres de réadaptation fonctionnelle
– le lancement de projets visant à rétablir l’accès à l’eau potable.
La Région de Kharkiv se démarque par son courage et sa résilience, tant face aux bombardements quotidiens qu’aux défis humanitaires engendrés par la guerre. Les Conseils régional et municipal, conscients de l’ampleur des besoins, accueillent favorablement l’aide internationale, comprenant que les ressources ukrainiennes ne peuvent à elles seules répondre à ces défis monumentaux.
Nos missions à Kharkiv sont toujours intenses et chargées d’émotion. Hromada de Zolotchiv, proche de la frontière russe, est régulièrement bombardée. L’hôpital, ciblé à plusieurs reprises, témoigne des ravages de la guerre, tout comme une école dont une aile a été détruite par un missile. Les immeubles résidentiels dévastés par les bombardements et les châteaux d’eau endommagés sont autant de signes des besoins urgents de la communauté.
Le maire de Lozova fait face à des urgences multiples,
notamment la réinstallation d’un hôpital psychiatrique qui avait
été déplacé dans la région de Dnipro au début de la guerre et de
retour d’exil 1,5 ans après. Son ancien bâtiment a été détruit par
un missile et les patients vivent désormais dans un bâtiment
auparavant désaffecté et nécessitant de gros travaux de
rénovation. La ville cherche également des solutions pour un circuit d’eau alternatif afin de palier les coupures d’eau affectant une partie de la population. Depuis le début de la guerre, nous apportons une aide permanente à ces hôpitaux en médicaments et consommables médicaux.
À Dergatchi, l’administration prépare la ville pour l’hiver, l’hôpital central espère de ne pas avoir de coupures d’électricité trop prolongées et s’en sortir avec des groupes électrogènes installés.
À Kharkiv-même, nous nous sommes rendus dans plusieurs hôpitaux, le Centre régional de transfusion sanguine, le
Centre de la Médecine d’urgence et le Centre interrégional médico-génétique. Deux centres de rééducation
fonctionnelle, une école installée dans les stations de métro et un centre d’activités extrascolaires en sous-sol ont
également été visités.
La région de Kharkiv demeure un bénéficiaire permanent de notre aide, en soutien à ses établissements médicaux,
sociaux, scolaires, ainsi qu’aux services de la Médecine d’urgence et de déminage humanitaire.
À Kyïv, nous avons visité plusieurs centres de réadaptation fonctionnelle ainsi qu’un hôpital. L’ouverture de cescentres, essentiels pour répondre aux besoins croissants des blessés en temps de guerre, représente un défi majeur pour le Ministère de la Santé de l’Ukraine.
Les initiatives privées, bien qu’essentielles en renfort, peuvent rencontrer des difficultés à maintenir un
financement adéquat, surtout lorsqu’elles cherchent à créer un réseau de centres de réadaptation parallèle à celui
de l’institutionnel. Trouver un équilibre est crucial pour éviter la fermeture de ces centres en cas de désengagement d’un donateur.
Nous avons constaté également les difficultés financières d’un hôpital, principalement liées à son incapacité à
contracter suffisamment d’activités de soins auprès de Service national de santé de l’Ukraine (NSZU). L’hôpital
dépend actuellement des donateurs privés et des ONG pour maintenir ses opérations, une situation que nous
espérons être temporaire.
La région de Dnipro
La remise de 16 groupes électrogènes industriels aux hôpitaux et structures médicosociales locales a été marquée par des échanges cordiales avec l’équipe du Conseil régional de Dnipro et les responsables des établissements bénéficiaires. La mission s’est ensuite étendue aux localités touchées par des bombardements et la pénurie d’eau potable consécutive à l’explosion du barrage de Kakhovka. Marganets, Nikopol, Kryvyi Rig : des villes en quête de solutions face à l’urgence Privées de l’accès à l’eau du fleuve Dnipro, précédemment accessible depuis le réservoir de Kakhovka, une construction d’un grand réseau d’eau alternatif est en cours. Cependant, la situation requiert aussi des solutions décentralisées pour assurer un approvisionnement en eau potable sécurisé.
Marganets tire son nom du « manganèse », un minéral abondamment extrait dans la région. Proche des zones occupées de Zaporijjia et de la centrale nucléaire d’Energodar, la ville a rétabli une alimentation en eau grâce à une station de pompage près d’un petit réservoir d’eau.
Cette eau, fortement minéralisée et non potable, est utilisée à des fins techniques. Des forages de plus de 100 m de profondeur ont été creusés près des immeubles d’habitation et pourraient fournir de l’eau potable avec des systèmes de filtration adaptés. L’installation de quatre systèmes de filtration par osmose inversé est à l’étude par AMCFU, et une assistance en équipements et médicaments a été promise aux hôpitaux locaux. Nikopol, autre ville industrielle, endure les bombardements quotidiens. Avec l’approvisionnement en eau potable depuis le réservoir de Kakhovka compromis, la ville est contrainte de puiser dans le lit du fleuve Dnipro, exposé aux tirs ennemis. Les réseaux d’approvisionnement en eau sont gravement endommagés, nécessitant l’installation de pompes immergées et de stations de filtration. Notre engagement consiste à soutenir Nikopol avec des systèmes de filtration, des pompes immergées, des médicaments et des équipements médicaux. Kryvyi Rig, ville industrielle de 600 000 habitants, a mis en place des circuits alternatifs d’alimentation en eau, incluant le pompage d’eau non potable du réservoir de Kressiv. Notre visite s’est concentrée sur les unités de chloration dans les villages avoisinants pour renforcer le processus de désinfection du circuit d’eau.
Rencontres avec le Centre régional des services sociaux et le Département de santé de Poltava. La visite a inclus deux hôpitaux et un dépôt humanitaire de l’administration approvisionnant non seulement les 200 000 déplacés internes à Poltava, mais également d’autres régions lors des urgences humanitaires (exemple, explosion de barrage de Kakhovka, une aide interrégionale s’est mis en place pour aider la région de Kherson).
Les discussions ont porté sur les besoins et les priorités, avec une aide déjà fournie en produits d’hygiène pour les déplacés et un soutien prévu pour les hôpitaux locaux.